
Avignon.Le Palais des Papes, le Rhône et un « vire-vire » depuis les berges de l'île de la Barthelasse.
Première moitié du XXème siècle – 149fi0040
Cette photographie fait partie du fonds de la famille Barthélémy, récemment entré en don aux Archives municipales d’Avignon. Acquise par la famille auprès de l’opticien puis photographe Charles Bartesago dont la boutique se trouvait rue des Marchands, cette vue majestueuse de la ville propose une dimension populaire avec la présence, au premier plan, d’une embarcation destinée à la pêche. En effet, le vire-vire (appelé aussi vira-vira, viro-soulet ou viro-blanchard), ainsi que « l’alose à l’oseille », connu dans de nombreuses communes des rives du Rhône, est particulièrement lié à l’identité d’Avignon.
L’alose est un grand poisson au ventre blanc qui circule près des berges et remonte le courant pour frayer. La barque de pêche possédait sur un côté deux bras qui tournaient (« viraient ») grâce à la force du courant, équipés chacun d’un filet. En plongeant dans l’eau, chaque bras ramassait le poisson. Sur le côté de la barque, les filets étaient ouverts et en pente. Les poissons tombaient dans la barque quand le bras remontait. Ces deux grands filets grillagés étaient appelés les sartans (poêles). Le pêcheur adaptait la vitesse de rotation grâce à une planche plongeante. Sur cette barque, on discerne la cabane utile lors des nuits à surveiller les prises et à vérifier que les eaux restent à un niveau suffisant pour que les sartans tournent. On pêchait l’alose entre mars et juin. « Après elle n’était plus bonne, elle était délavée et c’était immangeable » (souvenirs de Jean Vaton, cité par Michel Benoit dans son blog). Les anciens racontent que les pêcheurs parcouraient les rues en criant « alose du Rhône ! » et que, dans les familles, l’alose était cuite longtemps à l’étouffée avec l’oseille et un peu d’eau de vie pour faire fondre lis espino (les arêtes).
La raréfaction de l’alose à Avignon est probablement à imputer à l’édification de barrages au début des années 1970. La consommation de poissons du fleuve a été interdite en raison de la pollution (polychlorobiphényle).
Bourges.
Canoë sur le lac du val d'Auron.
Vers 1992 – 1997 – 230W7
Le lac du val d’Auron est un lac artificiel, inauguré le 27 février 1977. Il est alimenté par la rivière de l’Auron, qui donne son nom au lac et au quartier construit à la même époque sur sa rive est pour répondre à l’accroissement de la population Berruyère. Le projet est porté par le maire de Bourges Raymond Boisdé. Sur la rive ouest sont aménagés des espaces verts, une plage ainsi qu’une base d’aviron ; le lac a été adapté pour pouvoir accueillir des compétitions de niveau international de ce sport.
Mais l’aviron n’est pas le seul sport nautique pratiqué sur le lac : le Bourges Canoë-Kayak Club est fondé en 1992. Il propose tout type d’activités pour un vaste public : cours de pagaie, activités de loisir, compétitions, visites touristiques. Le club est aujourd’hui toujours actif et a reçu en 2020 le label « École Française de Canoë Kayak ».
Depuis sa création, de nombreux projets d’aménagements sont venus multiplier les activités possibles autour du lac : base de voile et court de tennis en 1980, centre hippique en 1988, golf entre 1986 et 1992, tour du lac aménagé pour les marcheurs, coureurs et cyclistes entre 2005 et 2014… Les rives du lac sont plus actives que jamais !
La Rochelle.
10 mars 1993 – 39 Fi 1578
En ce mois de mars 1993, un événement naturel exceptionnel est attendu sur toute la façade atlantique. La foule se presse sur le littoral pour admirer ce qui doit être la dernière grande marée du XXème siècle. Le 10 mars, le coefficient de la marée devait être de 119, niveau non atteint depuis 1918. Cependant, des conditions météorologiques très clémentes en ont voulu autrement. Ce qui devait être la marée du siècle avec son fabuleux spectacle n’aura pas lieu, faute de vent. Avec un coefficient équivalent à 110, cette marée d’équinoxe sera finalement qualifiée de grande marée comme une autre. Cela n’empêche pas la population d’admirer le phénomène et de s’aventurer au plus près de l’eau pour immortaliser le moment, comme dans cette photographie du Vieux Port. La mer n’envahira pas le quai Duperré et le cour des Dames qui restent le territoire des piétons venus observer en fin d’après-midi la pleine mer.
Diapositive issue du versement du service Communication de la Ville entré le 19 août 1999. Ce fonds rassemble plus de 9000 diapositives réalisées par les photographes successifs de la ville, datant des années 1960 à 1990.
Synthèse
L’eau est bien souvent au cœur des territoires urbains, et la vie des habitants se développe autour de cette ressource précieuse. Les usages possibles pour le sport et le loisir sont nombreux : il y a bien sûr la natation, mais aussi les sports de rames et de voiles, la pêche, le tourisme, les promenades ou les jeux sur le rivage… La relation des habitants aux plans d’eau est avant tout déterminée par ses spécificités : ainsi, les activités au bord d’un lac artificiel, d’un fleuve ou de la mer peuvent prendre des formes différentes.
La mémoire de ces événements peut être conservée par les services d’archives municipales. Ces documents peuvent être d’origine publique, produits par les services de la municipalité dans le cadre de leur mission d’aménagement, de subvention ou de soutien aux associations. C’est par exemple le cas des documents proposés ci-dessus par Bourges et La Rochelle, versés aux archives par les services communication de ces villes respectives. Mais ces documents peuvent aussi être d’origine privée, fruits d’un dépôt, d’un legs ou d’un don aux archives municipales, comme c’est le cas pour le document proposé par Avignon.
Les fonds d’archives peuvent être d’une grande diversité de forme, de sujet et d’origine, mais chacun permet de préserver un peu de l’histoire de la ville, de ses habitants, et de leur relation à l’eau. À la mission administrative des archives s’associe alors une mission culturelle. En documentant la vie locale à travers les époques et en permettant à tous de les consulter, les archives font vivre la culture, le patrimoine, et l’histoire collective.